dimanche, avril 06, 2008

Marathon : Laura veut recommencer

Ayé, il y eut une nuit, il y eut un matin, et ce fut le marathon...

Après moult péripéties (dont un pipi Place de l'Etoile, énorme kif), nous prenons place dans nos compartiments au milieu d'un bordel relativement inextricable. Dans l'aube blême d'une matinée froide et humide, 30000 individus habillés de sacs poubelle qui piaffent dans de grands enclos grillagés en haut de la plus belle galerie commerciale de l'ouest parisien : les Champs !
Enfin, le pistolet du starter tonne et subitement, il ne se passe rien, en tout cas, rien de perceptible dans mon sas de départ : loin là bas devant, les Keyans et autres Ethiopiens ont dû commencer leur sprint perdu d'avance à la poursuite des handisports à roulettes (saviez-vous seulement que les grands vainqueurs de tous les marathons du monde le font en fauteuil roulant, propulsés à la force des bras ? Ça calme, hein ?)
Et là, tout d'un coup, dans mon sac plastoc, debout avec 30 000 autres masochistes de la course à pied en collant moulant, alors que la sono crache une sorte de chevauchée de la Valkyrie façon Jean-Michel Jarre, je suis saisi par une émotion super intense, avec grand frisson qui va de là à là et larmes aux yeux. Un truc de dingue.
On joue un peu des coudes au milieu des odeurs de camphre et des bouteilles d'eau qui roulent sous les pieds avant de franchir la ligne de départ 8 minutes après le départ officiel (Laura, elle, démarre avec un bon quart d'heure de retard).
Le début est très bon enfant, tout le monde blague, je vois à peine les meneurs d'allure en 3h45 que je suis sensé suivre tellement ils sont loin devant.
C'est le début d'une longue, très longue série de dépassements. En effet, je rattrape d'abord un des 4 meneurs d'allure en 3h45. Mais il y en a un autres quelques centaines de m plus loin, alors je le rattrape, et ainsi de proche en proche. Je suis déjà au niveau de Bastille où m'attendent Maria, Raymond et ma MAMAN !
Je décide alors de forcer un petit peu l'allure et que bon tant pis, je ne suis pas raisonnable, j'essaye de gagner un peu de temps sur l'horaire prévu, on verra bien ce qui se passe.
J'arrive ainsi dans le bois de Vincennes, et je double toujours. J'ai à présent 7 minutes d'avance, et je rate le rendez-vous suivant avec mon groupe de supporters qui n'ont pas anticipé cette fulgurante accélération.
Je continue mon petit bonhomme de footing et je passe le semi en 1h42 ce qui constitue ma meilleure performance sur la distance (je n'en ai couru qu'un en 2004, blessé). J'ai rattrapé les ballons des 3h30 !
A Bastille, je retrouve d'abord Eric et Julienne (merci les amis !) qui refusent de courir avec moi, puis Pierrot qui joue le jeu à fond et m'accompagnera jusqu'au 32è). Je rate malheureusement Frédérique puis Nico qui devaient m'escorter jusqu'à la fin.
Tant pis, je suis certain de réussir à présent, il n'y a pas de mur des 30 kilomètres, je m'alimente bien, bois très régulièrement, je continue à doubler, mais de moins en moins vigoureusement, il faut se donner un peu plus, car les gens autour de moi sont de plus en plus coriaces et je commence quand même à être un peu entamé...
A un moment je me dis que Mathieu doit bientôt arriver alors qu'il me reste encore 5 kilomètres (erreur, il était déjà arrivé !).
Les jambes durcissent encore pendant l'infâme boucle dans le bois de Boulogne mais je ne flanche pas, et finalement, c'est le 40è. Il ne peut plus rien m'arriver, je maintiens le cap, ignorant les quelques sprinteurs qui me dépassent et continuant à doubler mon petit bonhomme de monde.
Tout d'un coup, le 42è, l'Avenue Foch, là-bas, à seulement 200m, l'arrivée, j'accélère un tout petit peu pour marquer le coup mais je ne me sens pas trop d'en faire beaucoup plus... Et paf, ça y est, je suis marathonien. 3h23. De nouveau des grands frissons dans le dos, les mêmes qu'au départ. Avouons le, j'ai mal au jambes...
Je retrouve mes fidèles supporters, on assiste à l'arrivée de Laura qui sprint tout ce qu'elle sait et termine en un solide 4h27. Ses premiers mots seront : "j'aurais pu faire mieux". Et juste après : "je veux recommencer".
Loïc et Catherine viennent nous faire des bisous, puis nous retrouvons Nico, Romain et Eva qui ont accompagné Laura pendant ses 10 derniers kilomètres.
Retour maison, fourbus mais heureux pour un festin préparé par les maman où nous dévorons à 8 une portion pour 24... le bonheur en somme.

En bonus, mon enregistrement cardio (cliquer dessus pour l'agrandir).

Et en bonus de bonus, une photo du Jacuzzi dont rêvent tous les marathoniens pour alléger leurs souffrances...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo à tous les deux! J'aurais bien voulu courir un brin avec toi à Bastille, mais je suis sur une base 3h23 pour le semi...

Anonyme a dit…

Rectification : je veux recommencer, mais en moins de 4h !

Un grand merci à tous ceux qui nous ont supporté, en vrac :
- Céline pour son coaching personnalisé
- Eva, Niko et Romain pour le dernier ravitaillement et la super cadence que nous avons tenue la dernière heure, avec des tas de personnes dépassées !
- Eric et Julienne, avec qui le rythme était plus tranquille, mais c'était bien agréable
- Loic et Catherine à l'arrivée
- Astrid et Pierre, qui étaient là mais que je n'ai pas vus...
- les MAMANS qui nous ont si bien sustantés pendant et après

Maintenant on va pouvoir reprendre une vie normale, ie se coucher tard, boire de l'alcool, festoyer, vivre quoi ! Enfin il faut encore que l'on améliore notre démarche...

Ultime question : nous suivrez-vous jusqu'à NY ?

Bises à tous

Laura

Anonyme a dit…

Mais ils sont fous.

Dire que pendant ce temps, je transportais benoîtement mes deux lave-linge jusqu'à la déchetterie, sans même mesurer mon rythme cardiaque, passais l'aspirateur, fixais enfin le dévidoir à PQ en souffrance depuis mon emménagement, cuisinais un curry pour six, une soupe au cresson pour quatre, terminais Contre-feux de Bourdieu, continuais L'édition sous influence de Brémond, douchais le chat et son bac à |tûût|, lavais la douche et perçais pour le plaisir dominical quelques trous inutiles dans les murs porteurs de l'immeuble, bref, passais un dimanche normal d'être humain pluvieux... Ils sont fous, et ils sont 30 000.

(Tout est vrai, sauf le chat, ça se lave à sec en blanchisserie.)

Mais, réelles félicitations à tous les deux. (Je ne connais aucun des 29 998 autres.)

J'aurais voulu jeter un œil sur les électro-encéphalogrammes : disponibles ?

Je veux aussi l'adresse de votre hammam, l'épilation m'a l'air très professionnelle

Bises.
François

Anonyme a dit…

Félicitations...
Dommage que je n'ai pas pu monter pour vous soutenir en direct, peut-être la prochaine fois, à NY ??

Anonyme a dit…

Félicitations...
Dommage que je n'ai pas pu monter pour vous soutenir en direct, peut-être la prochaine fois, à NY ??

Céline