mardi, mai 23, 2006

Mont Rose Volume I

Ski de Rando au Mont Rose - jour 1

La semaine dernière, train pour Milan dimanche soir, changement pour Turin lundi matin, et arrivée nettement en retard pour les JO.
Depuis que je ne vis plus ici, c'est le bordel, ils construisent des métros partout. A la réflexion, c'était peut-être bien déjà le bordel en 2002-2003.
Retrouvailles avec Plum', fidèle compagnon de cordée et routeur émérite qui s'est cogné La Fare-les-Oliviers - Turin via Nice, Savona et Vladivostock plutôt que de prendre le Mont-Cenis.
Je reprends le volant dans la banlieue de Turin pour me perdre à mon tour - mais où est l'entrée de l'A5 ? Enfin nous débarquons à Saint Jacques, joli petit port de pêche désert en cette saison, à 1600m d'altitude. En 14 secondes, la montagne est couverte de barda pesant et de 5 jours de nourriture.

De braves autochtones nous indiquent le refuge Mezzalama à gauche en fond de vallée. Au bout de 100m de dénivelé avec des sacs de 20 kilos (on porte aussi les skis !), l'évidence nous apparaît : on s'est planté de chemin. Après approfondissement, les autochtones sont de Biella et ne connaissent pas le coin, ils ont simplement entendu parler d'un refuge par là-bas...
Retour, jurons, interview d'un pépé Valdostain en sabot de bois qui cette fois est bien du pays, nous indique la route de Pian di Verrat Superiore et en route pour 1300m de chemin de croix sous le soleil. Dans ma grande clairvoyance, j'ai choisi la montée par un versant sud déneigé jusqu'à 3000m. Le refuge est à 3036m...

Au menu ce soir : Tortellini Barilla cuisinées à l'eau de fonte de la neige du toit. Comme tous les prochains soirs de la semaine d'ailleurs.

Ski de Rando au Mont Rose - jour 2
Réveil à l'aube ou même avant, c'est positivement horrible, il faudra s'habituer, de toute façon, en montagne, c'est toujours comme ça. Plum' me tance vertement et je finis hors des couvertures. Pain d'épice + English breakfast dans la popotte qui - inexplicablement - ne s'est pas lavée toute seule depuis hier soir. Ce délicieux parfum de bouillon-cube dans le thé.
On remplit les gourdes, colle les peaux sur les skis et en route pour la joie. Il y a enfin de la neige, d'ailleurs, on ne portera plus les skis de la semaine.
On trouve un super chemin entre rochers et séracs et nous voici au refuge des Guides du val d'Ayas à 3394m en rien de temps. On peut enfin poser nos monstre sacs de ravitaillement (il reste toujours 4 jours de bouffe dedans, ça pèse ).
La montée reprend, on se sent tout léger. l'objectif du jour est le Breithorn Occidental, un 4000 qui se fait d'habitude depuis la station de ski de Zermatt où un remonte-pente catapulte le skieur à plus de 3800m, au Klein Matterhorn, d'où il reste péniblement 350m... Disons qu'on ne choisit pas la facilité. Mais : d'une part les remontées mécaniques sont fermées en mai, d'autre part nous serons à peu près les seuls dans le massif pendant la semaine. C'est assez rare pour être signalé.

Nos courageux héros traversent donc toute la partie occidentale du massif.
Après un court et raid ressaut en glace (S4 ?) l'itinéraire se transforme en une longue traversée sur la ligne de niveau 3660m qui passe successivement sous Pollux, la Roccia Nera, le Jumeau E, Le jumeau W, le Breithorn Central et enfin le Breithorn Occidental. La fatigue se fait sentir, pour cause de WE précédent arrosé, courtes nuits, altitude, etc.
Nous arrivons au col séparant les Breithorn W et central (4076m) dans une météo changeante. Nous partons cependant à pied sur l'arête qui se révèle une patinoire assez exposée. Retour au col, chaussage des crampons, cette fois, nous circulons en sécurité, mais dans une ambiance bien gazeuse jusqu'au sommet à 4164m. Grand vide à gauche, grand vide à droite, avec le mauvais temps qui monte de la valée. Le pied.

Retour au pas de course et retour au refuge à 14h pour ne pas rater le déjeuner (nouilles chinoises).
Sieste.
Dîner : Tortellini Barilla cuisinées à l'eau de fonte. Comme tous les prochains soirs de la semaine d'ailleurs.


Ski de Rando au Mont Rose - jour 3

3ième jour : au programme : grand vent et beau temps. Cela semble compromettre la journée, nous ne sommes pas très motivés pour manger des rafales à cette altitude, mais peut-on décemment rester au chalet alors qu’il y a du soleil.


Nous sortons donc habillés en cosmonautes, avec les grosses moufles et tout. Il y a effectivement une certaine ambiance, et le résultat est superbe.
Arrivés au col du Verrat, il faut se rendre à l’évidence, le Castor (4228m) n’est pas praticable, avec ce vent il faut se rabattre sur son voisin Pollux (4098m).
Nous traversons donc vers l’ouest pour arriver au pied de la face. Je trace dans une neige de plus en plus profonde, très peu cohérente, avec bientôt des gobelets qui ne demandent qu’à tomber, alors que la pente se redresse à mesure qu’on se rapproche de l’attaque de la voix Normale (face W). Un point de crise nous fait courageusement renoncer vers 3800m. Mais alors, où aller ? Il est déjà près de 8h.

Nous redescendons en appuyant vers l’ouest et sous le col de Porta Nera qui sépare Pollux de la Roccia Nera. Nous apercevons l’arête N de Pollux qui semble en condition. Nous décidons donc d’aller explorer le versant N.
Du col (3734m) nous traversons vers l’attaque où un court passage en glace bleue (60°) nous oblige à sortir les crampons.

Nous rechaussons rapidement les skis et remontons une pente de neige faiblement crevassée jusqu’au ressaut final : une calotte de glace faiblement inclinée, mais entièrement en glace bleue. Nous ressortons donc les crampons pour faire trois petites longueurs avec notre corde de 8mm et des relais sur broche à glace.

La vue du sommet est sublime, grand beau. De là haut, il est évident que la Roccia Nera nous tend les bras. On se dépêche donc de redescendre pour y aller avant qu’il ne fasse trop chaud.

Du sommet de la Roccia Nera, nous admirons Pollux et la calotte glaciaire que nous avons gravie quelques heures plus tôt.


De retour au refuge pour la nouille chinoise désormais traditionnelle, le spectacle du Val d'Ayas avec le Grand Paradis et la vanoise en arrière plan est incroyable.

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