Samedi matin : réveil très tôt, mais pas assez pour chausser avant 9H après avoir mangé, chargé la caisse, fait la route, cassé les lacets de Sam, s'être changé puis aperçu que les peaux de Sam ne collaient pas, etc.
Le soleil n'est pas encore très haut quand nous partons, et nous sortons de sous une mer de nuages...
Mais ça tape déjà dur sur les versants sud, et nous voyons partir un nombre incalculable de coulées.
La course se déroule sans histoire, nous renonçons à la brèche de l'Homme Mort 100m sous l'objectif car la pente finale n'a pas l'air complètement saine, et qu'il est déjà près de midi. C'est donc un rapide casse croûte, puis une redescente dans des pentes encore poudreuses au début, puis plus lourdes.
Ce n'est qu'après avoir déchaussé les skis, à 100m de la voiture, sur un brave chemin forestier que le drame se prépare : nous devons traverser un couloir d'avalanche. Oh, pas méchant, et puis on est à 1200m d'altitude, il ne peut clairement rien arriver aussi bas début avril !
Je marche devant, Plum' et Nico me suivent à quelques mètres. Et nous parlons de risque d'avalanche niveau 6 ! Le couloir est étroit, mais il vient de très haut, nous ne le savons pas. Le chemin passe tout en bas de cette photo :
Je jette un coup d'oeil machinal, rien, m'engage, fais 3 pas, jette un autre coup d'oeil, et ... MERDE, la montagne nous tombe dessus. Pas le temps de réfléchir, je hurle "Attention" en partant en courant. Plum' me suit instantanément, Nico qui venait de s'engager saute en arrière et une seconde plus tard, un énorme flot de neige lourde emporte tout sur son passage. Plum' et moi sommes passés, mais nous ne savons pas où est Nico. Il finit par se signaler à moitié pendu dans un arbre et il rampe pour grimper plus haut car le niveau du flot de neige monte encore et menace de le submerger.
Puis la décrue s'amorce, nous sommes tous saufs, heureusement que nous avons tous bien réagi. Matthieu qui marchait 100m derrière a eu le temps d'arriver, sortir son appareil et filme le torrent de neige désormais assagi qui continue à couler pendant plusieurs minutes.
Nos courageux survivants devant le lieu du non-drame.
Conclusion : l'accident était peu attendu aussi bas en cette saison malgré l'heure tardive et la température élevée quelques jours après d'importantes chutes de neiges. On n'a vraiment pas eu de chance d'être engagés à 3 dans un couloir de moins de 10m précisément au moment où tombait un truc aussi gros ! Il faut TOUJOURS regarder en l'air quand on traverse un couloir.
Si une famille de randonneurs était passée là à notre place, je crois malheureusement que le bilan aurait été beaucoup plus lourd. Il y avait le temps de s'esquiver, mais pas une seconde de plus.
On s'est consolé en racontant des horreurs dans l'unique troquet du Désert en Valjouffrey en regardant tomber les coulées qui n'ont pratiquement pas arrété de l'après-midi.Une galerie des courageux héros :
Mat',
Nico,
Sam avec un joli coup de soleil sur le crâne,
Et Plum', toujours très classe...
Cette phrase, oeuvre d'un des célibataires du groupe qui a modestement préféré l'anonymat, donnera la mesure de la déchéance de ce WE initialement conçu comme une partie de campagne poétique entre potes qui dissertent sur les vertus de l'Amour : "je n'ai plus que 2 critères : que ce soit une femme, et que ce soit gratuit".
Dimanche nous avons décidé de partir du bon pied. Réveil tôt, marche rapide, décision collégiale, objectif esthétique mais modeste : le Ramu, côté F dans le topo de Shahshahani. 30° à 400m, 1500m au total, rien de très méchant en somme.
La poésie est revenue à l'ordre du jour et la pause du matin dans la fôrêt nous inspire ce vers :
Aube bleue
Dans la blancheur glacée
Grandit la tache jaune
En somme tout va bien, l'incident de la veille est oublié. On se raconte quand même des histoires très intenses en remontant d'abord de longues pentes très gelées, pas très raides mais bien expo, puis le long long couloir d'avalanche lardé de coulées de la veille et où une plaque ne pardonnerait certainement pas. Heureusement, il est très tôt, nous montons en moins de 3h30, et la neige sera encore bonne quand nous redescendrons.
Juste en face, la Muzelle et le fameux glacier Courbe (à droite sous le petit nuage) qui trouve sa source au col du vallon de l'enchatra (Jolie course faite avec Andrea en 2003).Nico, très content de lui.
Tout le groupe, pas mécontent non plus.
Puis, redescente dans la vallée, piche nique, glandouille, retour Grenoble, glace en terrasse (en T-shirt !), reglandouille chez Matthieu qui me rosse au billard indien, Pasta du soir et hop dans le TGV de 21h18. Arrivée Paris tard et dodo 1H avec un dur réveil en perspective...
Dans 6 jours, c'est le marathon !!!
1 commentaire:
Je sais que j'avais la reputation de ne pas toujours avoir de chance, mais je pense que Nico est un concurrent assez serieux
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